Relance du marché immobilier : quels leviers pour une reprise durable ?

24 janvier 2025

Une reprise attendue des transactions immobilières après une crise historique

Les années 2023 et 2024 ont marqué un tournant pour le marché immobilier français. En effet, les transactions ont plongé de manière spectaculaire. Ainsi, on a pu observer une baisse de 30 % dans l’ancien et de 50 % dans le neuf, selon une étude de Xerfi. Cette contraction s’explique par une combinaison de facteurs : hausse des taux d’intérêt, inflation et durcissement des conditions d’accès au crédit. Cependant, 2025 pourrait marquer le début d’une reprise, comme l’affirme Vincent Desruelles, directeur d’études chez Xerfi : « Les ventes de logements anciens devraient progresser de 13 % par an jusqu’en 2026, tirées par des conditions d’emprunt plus favorables et l’assouplissement des politiques bancaires. »

Les acteurs traditionnels face à une mutation du marché

### Les agences immobilières : des résistantes en quête d’innovation Les agences vitrées, notamment les enseignes traditionnelles, ont mieux traversé la crise grâce à une offre de services diversifiée et une forte présence locale. En particulier, l’administration de biens, qui génère des revenus récurrents, a permis à ces agences de limiter les dégâts. Toutefois, cette stabilité ne cache pas les pertes globales. Puisqu'entre mai 2023 et avril 2024, plus de 1 100 agences ont fait faillite, selon la FNAIM. D’après Xerfi, le groupe Arche (Laforêt, Century 21, Guy Hoquet et Nestenn) reste le leader incontesté, avec 2 500 agences représentant environ 15 % des ventes tous circuits confondus. ### Les réseaux mandataires : une part de marché en tension En parallèle, les réseaux mandataires, qui regroupent environ 190 structures et 48 000 agents indépendants, ont également subi les effets de la crise. Les cinq plus grands réseaux, dont IAD France, Safti et BSK Immobilier, totalisent plus de 60 % des effectifs d’indépendants. Mais ces derniers ont vu leur nombre diminuer de 5 % en 2024. Cette contraction est directement liée à la baisse globale du volume d’activité depuis 2022, qui a affecté leur rentabilité et leur attractivité. ### Les néoagences et iBuyers : des modèles de transactions immobilières en déclin Les néoagences et iBuyers, qui proposaient des modèles innovants à honoraires réduits, peinent à s’imposer en France. Certaines entreprises, comme Les Agences de Papa, ont cessé leurs activités ou ont dû réorienter leur modèle vers l’entremise classique. Ce phénomène souligne la difficulté de maintenir des marges suffisantes sur un marché en contraction. ### Les ventes entre particuliers : une stabilité relative Les transactions immobilières entre particuliers, bien que stables, peinent à concurrencer l’offre professionnelle. Notons que les plateformes d’annonces immobilières, telles que Leboncoin (13 millions de visiteurs uniques par mois) et SeLoger (8 millions), dominent le marché. Toutefois, Bien’ici, lancé en 2015, est en passe de devenir un acteur incontournable pour les professionnels et les particuliers.

Les leviers de croissance pour relancer les transactions immobilières

### La digitalisation : un moteur incontournable Pour rester compétitifs, les acteurs du secteur immobilier misent massivement sur la transformation numérique. La dématérialisation des dossiers, la signature électronique et les visites virtuelles sont devenues des normes incontournables. Par ailleurs, l’intelligence artificielle (IA) joue un rôle central en permettant d’offrir une expérience client personnalisée et réactive. ### Des services innovants pour séduire les acheteurs Les agences cherchent également à se distinguer par une offre de services enrichie. Par exemple, Guy Hoquet a amorcé une collaboration avec le courtier Meilleurtaux. Ce partenariat permet aux acheteurs d’évaluer rapidement leur capacité d’emprunt et de vérifier la viabilité de leur dossier avant de conclure une transaction. Ce type d’initiative renforce la fidélité client tout en simplifiant le processus d’achat. ### L’expansion géographique : un levier à double tranchant L’extension de la couverture géographique reste un levier de croissance privilégié pour les réseaux franchisés et les têtes de réseaux mandataires. Cependant, la conjoncture économique dégradée ces deux dernières années a freiné cette stratégie. Par exemple, Laforêt Immobilier a perdu près de 100 agences entre août 2023 et août 2024. De son côté, le réseau IAD a vu ses effectifs fondre avec la perte de 2 000 conseillers sur la même période. La reprise des transactions immobilières offre un nouveau souffle aux professionnels du secteur. Cependant, pour transformer cette embellie en succès durable, il est impératif d’investir dans l’innovation, de capitaliser sur la digitalisation et de répondre aux nouvelles attentes des acheteurs. À terme, un soutien étatique plus affirmé sera nécessaire pour stabiliser et pérenniser cette dynamique, en particulier dans le logement neuf.