Les défis de la loi Climat et résilience : pourquoi les logements énergivores persistent

9 février 2025
Depuis le 1er janvier 2025, une révolution est en marche dans le secteur de l'immobilier : la loi Climat et résilience interdit la mise en location des logements classés G, les plus énergivores. Pourtant, une étude récente révèle que cette réglementation peine à être respectée, notamment dans la capitale. Pourquoi cette loi rencontre-t-elle des obstacles dans son application ? Quels sont ses impacts réels sur le marché immobilier ? Décryptage.

Un marché en mutation : les premiers effets de la loi

Adoptée en 2021, la loi Climat et résilience vise à réduire la consommation énergétique des logements en interdisant progressivement la location des passoires thermiques. Après l’interdiction des logements classés G en 2025, ceux classés F suivront en 2028. Cette loi a déjà provoqué des changements notables : en 2024, les mises en location de logements classés G ont chuté de -16 %. En parallèle, les logements mieux classés (A à F) ont connu une hausse de +11 % des mises en location. Cependant, 2,3 % des annonces concernent encore des biens classés G, preuve que l’application de la loi n’est pas encore complète.

Les obstacles à l'application de la loi

Si la loi Climat et résilience a entraîné une prise de conscience, plusieurs obstacles freinent encore son application. Les travaux de rénovation énergétique sont souvent onéreux. En France, 2,44 millions de logements ont été rénovés entre 2020 et 2024, mais de nombreux propriétaires restent réticents à investir. Certains propriétaires, notamment ceux ayant des revenus modestes, n’ont pas les moyens financiers de réaliser ces travaux. Malgré l’existence d’aides publiques, ces dispositifs sont jugés insuffisants ou complexes. Dans des villes où la demande locative est forte, comme Paris, Lyon ou Bordeaux, de nombreux propriétaires privilégient la rentabilité à la conformité légale. Les locataires, faute de choix, acceptent souvent des logements non conformes, même s’ils sont énergivores et coûteux en chauffage.

Paris, le cas particulier

Paris est la ville où la loi Climat et résilience peine le plus à s’imposer. Contrairement au reste de la France, où les mises en location de biens G ont chuté, à Paris, elles ont augmenté de 13 % en 2024. Pourquoi ? Un parc immobilier très ancien, difficile à rénover, et une très forte demande locative, qui pousse certains propriétaires à ne pas respecter la loi. À Paris, les logements G ne disparaissent pas du marché, bien au contraire. Cela s’explique par la rareté des biens disponibles et l’absence d’alternative pour les locataires.
Face à ces difficultés, plusieurs pistes sont envisagées. Des sanctions plus strictes pour les propriétaires en infraction, la création d’une autorité de régulation du DPE, et un accompagnement renforcé pour la rénovation. Si certains propriétaires ne respectent pas la loi, c’est parfois par manque de moyens financiers ou d’informations sur les aides disponibles. Simplifier les démarches administratives, accroître les plafonds de financement, et proposer un accompagnement personnalisé sont des solutions possibles. Un autre levier serait d’inciter les banques à proposer des prêts à taux ultra-réduits pour financer les travaux.
En conclusion, la loi Climat et résilience marque un tournant dans la lutte contre les passoires thermiques. Si elle a permis une réduction du nombre de logements classés G en location, son application reste inégale, notamment à Paris, où les contraintes du marché rendent son respect plus difficile. Des solutions existent, mais elles nécessitent un engagement plus fort de l’État et une adaptation des mesures aux réalités du terrain. Un équilibre doit être trouvé entre lutte contre les passoires thermiques et préservation du marché locatif. L’avenir de la loi dépendra donc de sa capacité à s’adapter et à offrir aux propriétaires des alternatives viables pour rendre le parc immobilier plus écologique sans précipiter une crise du logement.