Imaginez-vous arriver en gare de Paris, et la première chose qui vous saute aux yeux est une tour immense, symbole de la capitale. Mais que cache vraiment cet édifice emblématique? Plongeons dans les mystères de la tour Montparnasse.
Un Immobilier Géant en Sommeil
Inaugurée en 1973, la tour Montparnasse était à l'époque un symbole d'innovation. Aujourd'hui, elle attend toujours son grand lifting, estimé à 300 millions d’euros. Ce chantier est censé transformer la tour en une véritable icône de la révolution énergétique du XXIe siècle. Plus écologique et plus ouverte aux Parisiens, telle est la promesse. Pourtant, le projet accumule des retards. Initialement prévue pour 2019, puis repoussée à 2024, la rénovation semble toujours en stand-by. Aucun échafaudage n’a été installé, et les locaux n’ont pas été vidés. De l’extérieur, la "demoiselle de béton" reste sombre et opaque, et l'accès se fait toujours par cette dalle de béton sans âme construite par-dessus la gare.
Un Logement de Bureaux en Suspens
En pénétrant dans la tour, on découvre un hall des années 70 donnant accès à huit ascenseurs. À chaque étage, des bureaux vides, mais aussi quelques espaces de coworking, des cabinets de recruteurs ou des fournisseurs d’énergie, tous bénéficiant d’une vue imprenable sur Paris. "Je signe des baux dérogatoires depuis six ans," confie Cynthia, agente immobilière. "En théorie, les locataires doivent partir à la fin de l’année." C’est pourquoi les prix sont imbattables : autour de 420 euros le m² par an. Perché au 56e étage, le restaurant offre une vue époustouflante, mais son avenir est incertain. "On aimerait bien être tenus au courant," confie Valentine, responsable de salle. "À chaque fois, on nous dit que la fermeture est prévue pour l’année suivante mais cela ne cesse d’être repoussé. C’est flou."
Une Copropriété Complexifiée
Du côté des architectes, la situation n’est guère plus claire. "On n’a pas d’information sur la date de démarrage des travaux," confie un responsable anonyme. En réalité, le retard n’est pas seulement dû à l’ampleur du projet, mais à la complexité de la copropriété de l’"Ensemble immobilier tour Maine-Montparnasse" (EITMM). Celle-ci regroupe 300 copropriétaires autour de quatre bâtiments. Parmi eux, des institutions comme des fonds financiers, des mutuelles et des assureurs. Pour obtenir des informations, il vaut mieux se tourner vers les petits propriétaires non professionnels. "Les principaux opérateurs ont des comportements de quasi-voyous," assure l’un d’eux. "Ces entreprises font preuve de brutalité et d’opacité pour imposer leurs vues et dégoûter les propriétaires historiques, pour acheter, étage après étage, en bénéficiant de prix à la baisse." Faire traîner le dossier serait donc lucratif pour certains. "Les petits propriétaires sont dégoûtés de devoir payer des charges très lourdes," reprend la même source. "Plus de 50 millions d’euros ont déjà été investis en études." Ce qui a effectivement de quoi dérouter les petits propriétaires présents dès l’origine. Et ne manque pas d’attirer de nouveaux capitaux, qui grignotent l’espace disponible.